Depuis 2022, Universcience a développé un outil de mesure et d’analyse, le Baromètre de l’esprit critique. Chaque année, l’établissement réalise une étude portant sur le degré de développement et de représentation de l’esprit critique dans l’opinion publique, et fait un focus particulier sur un sujet d'actualité.

Après avoir sondé en 2022 nos concitoyens sur la vaccination, en 2023 sur le réchauffement climatique, en 2024 sur leur rapport aux applications de l’intelligence artificielle, cette enquête les sonde, cette année, sur leurs pratiques alimentaires et la construction de leur choix en matière d’alimentation. 

Comment nos concitoyens voient-ils et pratiquent-ils les sciences ? Quels médias utilisent-ils pour s’informer ? Quelle confiance leur accordent-ils ? Pour se forger leur opinion, s’appuient-ils plutôt sur leurs intuitions ou sur l’avis d’autrui ? 
Quelles sont les pratiques alimentaires de nos concitoyens ? Quelles sont les idées reçues autour de l’alimentation ? Comment se construisent nos choix en matière d’alimentation, alors que les réseaux sociaux fourmillent de conseils de toute sorte ?

L’enquête a été menée auprès de deux échantillons : un premier, de 2 000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, le second, de 610 personnes, représentatif de la population française de 15 à 24 ans.

Découvrez les résultats du Baromètre de l’esprit critique 2025 : table ronde, synthèse, infographie, rapport complet…

Suivez la table ronde de présentation des résultats 

  • Jeudi 20 mars 2025, à 9h
  • Animation : Natacha Triou (France Culture)

Les Français et l'alimentation

Les Français recherchent des pratiques alimentaires saines et éthiques

Le bien manger est au cœur des préoccupations des Français : plus de 7 sondés sur 10 déclarent « aimer cuisiner » (72%), quel que soit leur âge et font attention à l’équilibre dans leur repas (75%). 80% indiquent intégrer systématiquement ou presque des fruits et des légumes dans leurs repas. Un tiers des répondants (35%), et la moitié (53%) des moins de 35 ans, reconnaissent néanmoins consommer au moins une fois par semaine des plats tout prêts achetés en magasin ou au restaurant.

Le régime alimentaire des Français est différent selon l’âge, le lieu de vie et répond à des raisons éthiques ou médicales : 56% des sondés se décrivent comme « omnivores », mangeant de tout sans restriction, 22% sont « flexitariens », limitant leur consommation de viande et de poisson et 8% se déclarent végétariens (4%) ou végétaliens (4%). La part des omnivores est plus importante dans les zones rurales (62%), celle des flexitariens, végétariens ou végétaliens est plus importante dans les grandes villes (47%). Chez les 18-24 ans, 25% se déclarent végétariens ou végétaliens (contre 4% des plus de 35 ans).

4 Français sur 10 déclarent suivre un régime alimentaire pour des raisons particulières. Parmi eux, 55 % motivent ce choix par des préoccupations environnementales ou éthiques (comme la défense du bien-être animal ou la protection de l’environnement), 42% par des raisons médicales et 31% pour chercher à maigrir de leur propre initiative*.

Le choix des produits alimentaires repose en priorité sur le prix ou les promotions (critère le plus cité par 69% des répondants), sur le goût (54%), mais aussi sur des aspects nutritionnels et éthiques. Près d’un sondé sur deux (49%) prend en compte au moins un aspect nutritionnel comme le Nutri-score pour 24%, ou un critère éthique (47%) comme le mode de production ou le caractère équitable. Les critères éthiques atteignent 60% chez les moins de 35 ans (contre 44% des 50 ans et plus)*. 

* Plusieurs réponses possibles - Question à choix multiple

Mais les Français manquent de repères : 8 Français sur 10 partagent au moins une opinion erronée sur l’alimentation

Pour 58% des répondants, une « cure détox » est efficace pour nettoyer l’organisme après un excès alimentaire. Pour 37 %, les compléments alimentaires permettent de corriger une mauvaise alimentation et pour 34 %, les hommes ont besoin de plus de viande rouge que les femmes. Chez les 15-24 ans, ces fausses affirmations rencontrent l’approbation des sondés à hauteur respectivement de 65 % (+ 7points), 53 % (+16 points) et 46 % (+12 points). Au total, plus de 8 sondés sur 10 adhèrent à au moins une des contre-vérités testées qui circulent au sujet de l’alimentation.

Influencés par l’entourage, les Français recherchent des informations fiables et scientifiques sur l’alimentation

Les habitudes alimentaires des Français sont influencées par l’éducation qu’ils ont reçue de leurs parents : C’est ce qu’estiment près de huit sondés sur dix (77%). Cette influence de l’entourage est encore plus marquée chez les 15-24 ans (+4 points). Certaines périodes de vie apparaissent comme propices à la recherche d’information : 71% des sondés ayant un ou plusieurs enfants indiquent qu’ils se renseignent davantage sur les produits alimentaires depuis qu’ils sont devenus parents, 70% des répondants de 50 ans et plus confirment qu’ils se sont informés davantage en prenant de l’âge.

La moitié des répondants indiquent d’ailleurs que l’alimentation est un sujet de débat avec leur entourage (51%). Le phénomène s’amplifie chez les 18-24 ans qui débattent à 62% du sujet avec leur entourage, comme les végétariens/végétaliens (70%). 

Mais la majorité déclare aussi manquer de repères dans la recherche d’informations sur l’alimentation : 56 % des Français ne « savent pas vraiment qui croire sur le sujet », une affirmation partagée par près des 2/3 (65%) des 18-24 ans. 

La première source d’information sur l’alimentation est l’entourage (54%), suivi par internet (hors réseaux sociaux) pour un Français sur deux, puis les professionnels de santé (30%). 43% des personnes interrogées s’appuient tout de même sur des sources spécialisées*, qu’il s’agisse de sites internet, de livres, de magazines ou d’applications consacrés à ce sujet. 

Plus de la moitié des Français (56%) rapportent lire, pendant leurs courses, les étiquettes et les emballages régulièrement et 94% au moins de temps en temps. Lorsqu’ils lisent les étiquettes des produits qu’ils s’apprêtent à acheter, 91% des sondés regardent les informations nutritionnelles, notamment la liste des ingrédients (62%) et le Nutri-score (44%). La moitié des sondés sont aussi attentifs à l’origine géographique du produit (52%) ou aux labels de production de type Label Rouge ou Bio (46%)*. 

* Plusieurs réponses possibles - Question à choix multiple

Les moins de 35 ans ont pour habitude de rechercher ces informations via des outils numériques : près de la moitié (48%) cherchent pendant leurs courses des informations sur internet (contre 21% des 35 ans et plus) et 45% scannent les étiquettes avec une application web (contre 20%). Les Français ayant adopté un régime non-omnivore se renseignent davantage : 80% des végétariens et végétaliens lisent les étiquettes des produits (contre 50% des omnivores), 59 % cherchent des informations sur internet (contre 19% des omnivores) et 56 % scannent les étiquettes avec une application (contre 18% des omnivores).

Les Français font confiance en priorité aux professionnels de santé et aux scientifiques. Les plus jeunes se tournent aussi vers les applications et les influenceurs en nutrition.

Les Français font confiance en priorité aux médecins et diététiciens (79%), puis à leur entourage (72%), aux organismes publics et de recherche en santé comme l’INSERM, l’ANSES ou Santé publique France (71%) et aux scientifiques et chercheurs (66%). 55 % des répondants font également confiance aux professionnels de la médecine douce et alternative. Enfin, 45% accordent leur confiance aux applications spécialisées en nutrition de type OpenFoodFacts ou Yuka, 42% aux coachs, entraîneurs ou éducateurs sportifs. Les sondés font peu confiance sur le sujet aux acteurs agro-alimentaires (28 %)*. 

Comme dans les précédentes éditions du Baromètre en 2024 au sujet de l'IA et de la crise climatique en 2023, les Français accordent en premier lieu leur confiance aux acteurs scientifiques. Au sujet de l'alimentation, les Français font néanmoins beaucoup plus confiance à leur entourage (72 % contre 47 % au sujet de l’IA), toutes caractéristiques socio-démographiques confondues.

Les Français ayant adopté un régime végétarien ou végétalien rapportent plus de difficultés à déterminer qui croire sur le sujet de l’alimentation (75% contre 57%). Ils placent en tête des acteurs qui leur inspirent le plus confiance les organismes publics et de recherche en santé (84%), devant les applications spécialisées en nutrition (74%) et les médecins et diététiciens (73%). 

Les 15-24 ans vont dans le même sens, en accordant d’une manière générale une confiance supérieure : les organismes publics et de recherche en santé arrivent en tête (78%, + 7 points), suivis des acteurs du numérique 63% (+18 points) contre 45% pour les applications et 46% (+24 points) pour les Youtubeurs et influenceurs scientifiques).

 

Les Français et les sciences

Les sciences ne sont pas épargnées par le désintérêt général pour l’actualité

Interrogés sur les sujets qui les intéressent, les sondés démontrent globalement moins d’attrait sur l’ensemble des thématiques proposées. Ainsi, l’intérêt pour les sciences est en recul par rapport à janvier 2024, mais reste largement partagé au sein de la population française : 62% des sondés rapportent que les sujets scientifiques les intéressent (-7 points), derrière les sujets de société (79%, -4 points) ou l’actualité internationale (73%, -4 points), mais devant l’actualité culturelle et artistique (55%, -4 points) et l’actualité sportive (46%, -2 points). L’actualité politique est le seul sujet en hausse d’intérêt et devance désormais les sciences (63%, +2 points).

Malgré ce recul, l’image des sciences demeure très bonne

Les sciences conservent une très bonne image. Le rôle de la science et des méthodes scientifiques est largement reconnu : 78% des sondés attribuent plus de valeur à une affirmation si elle a été validée scientifiquement. La perception de la science comme ayant un impact positif sur la société reste élevée :  82% des répondants considèrent que la science permet de développer de nouvelles technologies utiles à tous, 80% qu’elle permet de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons, 79% qu’elle permet d’améliorer nos conditions de vie, 72% qu’elle permet de développer une pensée rigoureuse. Ces résultats sont légèrement inférieurs à ceux obtenus l’an dernier, mais demeurent élevés.

L’IA émerge comme outil pour s’informer sur les sujets scientifiques

Pour s'informer sur les sujets scientifiques, le recours aux sources scientifiques diminue, l’IA émerge : 65% des Français se réfèrent à des sources scientifiques (-3 points), à travers des reportages et émissions spécialisées (36%), des magazines spécialisés dans les sciences et les techniques (24%) ou des sites d’organismes et institutions de recherche (21%). La consultation d’outils d’intelligence artificielle (IA) est une pratique émergente rapportée par 8% des répondants et 19 % des 18-24 ans

Les sorties culturelles à caractère scientifique sont en progression depuis 2023. 44% indiquent participer au moins de temps en temps à ce type d’activité (+3 points depuis 2023) : 29% d’entre eux visitent des expositions scientifiques ou techniques, 18% participent à des rencontres avec des chercheurs (+3 points depuis 2023).

Le rapport aux sciences est différent selon l’âge, le genre, le lieu de vie et la catégorie socioprofessionnelle. L’intérêt pour les sciences reste plus marqué chez les hommes (71% contre 55% des femmes) et les personnes issues des catégories socioprofessionnelles supérieures (69% contre 56%). 

L’étude permet de distinguer 3 grands groupes de personnes dans leur rapport aux pratiques scientifiques : des « irréguliers », des profils plutôt masculins et plus âgés que la moyenne, qui s’informent davantage sur internet ou à la télévision, aux pratiques scientifiques réelles, mais sporadiques ou anciennes. Les « détachés » aux profils plus souvent féminins, plus âgés, résidant dans des petites communes, qui n’ont que peu d’intérêt pour les sujets scientifiques. Et enfin les « curieux » plus souvent jeunes, urbains, diplômés ou masculins qui s’informent beaucoup, avec un intérêt plus marqué pour les sujets scientifiques et des sorties à caractère scientifique.

Les 15- 24 ans davantage intéressés par les sciences, leur accordent une plus grande confiance mais la définissent de manière plus large

Les 15-24 ans manifestent un plus grand intérêt pour les sciences : 27% citent les sciences parmi leurs principaux centres d’intérêt, elles occupent la 7ème place dans leur classement des 14 thèmes proposés (contre la 11ème pour les 18 ans et plus)*. Cela est encore plus marqué chez les 15-17 ans. Ils y placent également plus d’espoir quant à son impact positif sur la société : 72% estiment que son développement rend l’homme meilleur (contre 60%). 

 Les 15-24 ans manifestent enfin une plus grande confiance dans la communauté scientifique : 71% estiment que les scientifiques suivent des règles éthiques strictes (contre 62% chez les 18 ans et +), 69% que ce sont les mieux placés dans leur domaine pour savoir ce qui est bon pour les citoyens (contre 57%), 62% estiment que la science est la seule source fiable de savoir (contre 53%), 66% que les scientifiques sont indépendants (contre 53%). Mais ils craignent en revanche davantage le pouvoir détenu par les scientifiques, qui peut les rendre dangereux (73% contre 65%). 

Degré de scientificité : Si les jeunes partagent avec leurs aînés le même classement des disciplines jugées les plus scientifiques — médecine, chimie, biologie, astrophysique, archéologie —, on observe une différence notable entre les 15-17 ans, nouveauté de ce baromètre 2025, et les 18-24 ans. Les premiers ont une vision plus nette de la scientificité de ces disciplines, y compris par rapport au 18 ans et +. Les 15-24 ans attribuent un degré de scientificité plus fort que leurs aînés à la sociologie (+12 pts) et à la psychanalyse (+5 pts). Les avis diffèrent peu concernant l’ostéopathie (40%), l’histoire (34%), l’écologie (33%) ou encore l’économie (31%). Les trois disciplines perçues comme étant les moins scientifiques sont les mêmes pour les 18 ans et + et les 15-24 ans : méditation, horoscopes et naturopathie.

Les Français et les moyens d'information

 

Des sources d’information en rupture pour les 15-24 ans : Internet, réseaux sociaux, IA, mais aussi l’entourage de proximité

Le Baromètre 2025 confirme les grandes tendances des éditions précédentes : Internet (hors réseaux sociaux) et la télévision demeurent les principales sources d’information pour 68% et 66% des répondants. La radio reste le média qui suscite le plus la confiance, devant internet (42%) et la télévision (35%). Pour s’informer sur l’actualité, les 15-24 ans s’appuient plus encore sur internet (78%), mais aussi sur leur entourage (70% contre 41%) et sur les réseaux sociaux (52% contre 28%). A l’inverse, ils utilisent moins la télévision (44%) et la radio (23%). Le recours aux outils d’intelligence artificielle comme ChatGPT pour s’informer est également plus fréquent chez les 15-24 ans : 21% s’en servent pour suivre l’actualité (contre 10%), 14% pour s’informer sur l’alimentation (contre 7%) et 12% pour suivre des sujets scientifiques (contre 8%)*.


Pour évaluer la qualité de l’information en ligne, les Français portent moins d'intérêt aux sources. Les jeunes accordent de l’importance à l’identité de la personne qui relaie l’information. 

Les Français conservent les mêmes critères pour évaluer la fiabilité des informations trouvées en ligne, mais plusieurs sont en baisse depuis 2023 : 36% seulement des sondés se réfèrent désormais au média dont l’information est issue (-7 points) et 31% évaluent la fiabilité des informations selon les références faites à d’autres sources d’information (-6 points). L’identité de la personne qui relaie l’information constitue un critère de confiance pour 23% des 18-24 ans si cette information est communiquée par un membre de leur entourage (contre 15% pour l'ensemble de la population), pour 21% si elle est communiquée par un expert ou un chercheur (contre 11 %), pour 20% si elle est communiquée par un influenceur (contre 5%)*.

* Plusieurs réponses possibles - Question à choix multiple

Les Français et l'esprit critique

Définition de l’esprit critique : une question de génération ? 

Les trois-quarts des Français se définissent comme ayant « l’esprit critique ». Plus les répondants ont des pratiques scientifiques régulières et diversifiées, plus ils se définissent comme ayant l’esprit critique. Les sondés confirment que les trois attitudes définissant le mieux l’esprit critique sont : faire preuve de raisonnement logique et rationnel (43%), la capacité à échanger avec des personnes aux opinions divergentes (40%) et le fait de s’informer davantage avant de se positionner (39%). Ces attitudes perdent tout de même entre 8 et 10 points depuis 2022. La capacité à se méfier de ses propres intuitions – indispensable pour détecter ses biais cognitifs – reste l’attitude la moins souvent citée (16%), malgré une légère progression. Les 15-24 ans sont aussi nombreux à estimer qu’ils savent faire preuve d’esprit critique (75%), mais ils l’associent moins à la capacité à échanger avec des personnes aux opinions divergentes (35%) ou à s’informer avant de se positionner (34%) et davantage à celle de justifier ses choix (37% contre 32%) et de remettre en question la parole de l’autorité (24% contre 17%)*.

Un rapport au débat différent selon l’âge

Si près d’un Français sur deux admet qu’il lui arrive de persister dans ses arguments sans être sûr de leur solidité (près de deux sur trois chez les 15-24), 81% se disent prêts à changer d’opinion sur la base de raisons convaincantes, 78% affirment comparer beaucoup de points de vue différents avant de se faire leur propre opinion, 76% trouvent important de remettre en question les croyances traditionnelles avec des preuves logiques et rationnelles.

Près de huit Français sur dix déclarent participer souvent ou de temps en temps à des débats sur des sujets de société ou scientifiques (78%). Mais ils réservent généralement la défense de leur opinion aux échanges avec leurs proches : 64% débattent régulièrement avec leurs amis et 61% lors des repas de famille. Ils sont moins nombreux à se lancer dans ces échanges au travail (42%)*.

* Plusieurs réponses possibles - Question à choix multiple

Les 15-24 ans rapportent davantage de difficultés à s’adapter lorsqu’ils sont confrontés à des opinions divergentes, mais débattent plus : 76% se disent prêt(e)s à changer d’avis sur la base de raisons convaincantes (- 5 points), mais 60% reconnaissent qu’il leur arrive de persister dans leurs arguments même sans être sûr(e)s de leur solidité (+14 points) et 58% préfèrent échanger avec des personnes qui partagent leurs opinions (+9 points). 75% débattent en revanche régulièrement avec leurs amis (+11 points) et 69% en famille (+ 8 points), 59% au travail (+17points) et 53% sur les réseaux sociaux (+27 points)*.

L’entourage, l’école et les sciences : 3 piliers pour construire son esprit critique

Parmi les personnes qui ont le plus contribué à former leur esprit critique, les Français désignent avant tout leur cercle familial (84%), notamment leurs parents (74%). Ils attribuent également un grand rôle aux personnes rencontrées pendant leur scolarité (81%), comme leurs enseignants (75%) et leurs éducateurs culturels, sociaux ou sportifs (42%). 68% considèrent que l’enseignement scolaire des sciences humaines est celui qui a le plus participé à la construction de leur esprit critique, notamment le français et la littérature (36%), l’histoire-géographie (29%) et la philosophie (28%). 49% attribuent le développement de leur esprit critique à l’enseignement des sciences exactes, notamment les sciences de la vie et de la terre (25%) et les mathématiques (23%). Ce chiffre monte à 62 % chez les jeunes de 18 à 24 ans.

Le rapport à l’esprit critique : un impact sur le quotidien

On distingue quatre groupes de personnes dans leur rapport à l’esprit critique :

  • Les « analystes », plus âgés, plus à gauche politiquement, consommateurs de médias traditionnels, attentifs à la qualité de l’information, convaincus de l’intérêt de la science et valorisant l’esprit critique ;
  • Les « confiants », plus masculins, plus jeunes, plus à droite politiquement que la moyenne, qui déclarent faire preuve d’une forte curiosité, se considérant scientifiques, faisant plus confiance aux médias et à la science et s’associant à l’esprit critique ;
  • Les « éloignés », plus souvent issus des catégories populaires et moins diplômés, s’informant moins, éloignés de la science et moins concernés par l’esprit critique ;
  • Les « défiants », moins diplômés, défiants par rapport à la science, pensant moins avoir d’esprit critique que les autres, qu’ils associent moins aux sciences et plus à la capacité à prendre la bonne décision. “Eloignés” et “défiants” résident plus dans les petites communes.

Au quotidien, le rapport à l’esprit critique oriente le comportement. En matière d’alimentation, les « analystes » sont plus exigeants sur les critères nutritionnels et éthiques : 73 % vérifient la liste des ingrédients et 63 % regardent l’origine géographique, soit 11 points de plus que la population totale sur ces deux critères. Les « confiants » se renseignent plus fréquemment pendant leurs courses : 65% lisent souvent les étiquettes (contre 41% des « éloignés »), 49% cherchent des informations en ligne sur la qualité des produits (contre 10% des « éloignés ») et 49% scannent les étiquettes avec une application (contre 11% des « éloignés »). Ils citent presque autant le goût (51%) que le prix (54%) en tête de leurs critères de choix alimentaires, alors que les « éloignés » choisissent d’abord le prix (70%). Les confiants accordent majoritairement leur confiance aux sources d’information, tandis que seulement la moitié des « défiants » font confiance aux médecins et diététiciens (49%) et aux organismes publics (49%), soit respectivement 30 et 22 points de moins que la moyenne de la population.

Les résultats du baromètre en infographie